jeudi 27 novembre 2008

Conseil de classe

Drôle d'ambiance... Quelques professeurs autour d'une table trop grande, les parents d'élèves au bout d'une table trop longue ; qui laisse une sensation de vide trop profond entre parents et enseignants... un proviseur qui trône en plein milieu... avec un physique trop étroit pour occuper l'espace... et à côté de lui, un prof principal, bonhomme, joyeux et souriant qui dénote au milieu de cette assemblée d'un autre temps !

L'espace d'un instant, j'ai espéré un dialogue... La valse des notes commence, les bons élèves, les moins bons... C'est le début de l'année mais on peut déjà ressentir que certains élèves ont su mettre les profs dans leur poche, les faire adhérer à leur stratégie... Tel prof soutient l'élève qui vient lui demander de l'aide à la fin de chaque cours, transmettant son inquiétude selon certains, se dédouanant de travailler selon d'autres. C'est incroyable comme les interprêtations sont différentes d'un enseignant à l'autre mais chacun exprime son point de vue sans que cela n'interpèle l'autre ! S'écoutent-ils ?

Réalisent-ils que pour les mêmes notes certains élèves sont qualifiés de brillants et d'autres ont tout juste des résultats satisfaisants ?

Je veille à l'équilibre... dosage savant à maîtriser ; une intervention importante pour soutenir l'élève timide que le corps enseignant voudrait voir s'intégrer et bavarder avec les autres. Ne peut-on être solitaire, différent quand on a onze ou douze ans ? Savant dosage pour que l'intervention soit crédible, entendue, soutenante pour l'enfant dont on traite le "dossier"... Etre trop interventionniste au conseil de classe, c'est prendre le risque de n'être pas entendue du tout... Je vérifie, je calibre l'impact de mon intervention. Je renifle pour comprendre de qui pourrait venir le soutien, je regarde les profs tout en prenant des notes à toute vitesse... Faut faire vite, dans une heure, nous aurons traité le dossier de trente jeunes collégiens. On dirait que l'on s'apprête à battre un record, que le timing a une importance capitale. L'appréciation du proviseur principal figurera en bas de bulletin, juste ou pas... Cela donnera lieu à des échanges familiaux ou un silence délicat, selon les cas... Certains kidnaperont le courrier et les parents ne le verront jamais...

Certains enfants en difficultés mériteraient bien plus que quelques minutes sur les notes qu'ils ont obtenus. Le système n'a pas prévu leurs difficultés... Elles sont probablement liées à des lacunes, renvoyer la balle le plus loin possible quand on ne sait pas jongler, ne pas avoir l'air ridicule... J'ai des mauvais élèves dans la classe mais ils devaient déjà être mauvais avant... Que peut-il bien se passer dans la tête de certains professeurs ? Quelle est donc la motivation à faire cours à seulement une partie de la classe ? Se peut-il qu'on se vexe de ne pas entraîner tous les élèves à réussir dans sa matière préférée ?... Je ne comprends pas l'acharnement collectif qui est mis à ne pas soutenir un élève en difficulté, qualifié de "gentil mais pas concentré", "n'y arrivera pas cette année !", "Il faut soutenir ton attention en cours"... le redoublement est déjà prédit pour certains, sans qu'un plan d'actions quelconques ne soit envisagé !

Dans cette école là, je suis contente de ne plus y aller pour apprendre ! Je suis contente d'y retourner pour veiller à faire le lien entre les parents et les profs de ces enfants-là, ceux précisément qui ne comprennent pas du premier coup, ceux qui n'ont pas encore réussi à la fin du premier trimestre à comprendre ce que l'on attend d'eux, ceux qui ne viennent déjà plus en cours, arrivent en retard, signent eux-mêmes leur carnet de correspondance ! En sixième... Si personne ne les aide, que ce passera-t-il pour ces enfants-là ?

Le pompon du conseil, c'est quand le proviseur échange avec les parents sur les difficultés rencontrées par un des professeurs, absent à ce conseil... dommage... et nous dit : "nous avons fait des propositions au professeur qui les a décliné, pour moi, c'est un problème réglé !"

J'espère que le professeur de maths qui était à ses côtés a pris note de cette nouvelle définition : Un problème réglé est un problème auquel j'ai tenté d'apporter une solution qui n'a malgré tout par résolut le problème : Exit le problème, il n'y a que des non-solutions !!
Je me demande bien ce que les délégués des élèves présents à ce conseil, comprendront de cette démonstration ?

1 commentaire:

Anonyme a dit…

J'hésite à cocher "amusant" ou "effrayant"... comme y'a pas cette case, je l'écris tout court ! Moi l'école, ben je sais pas comment tu fais pour y retourner comme parent d'élèves... Je suis pas prête d'y remettre les pieds ! Marie-Cécile