mardi 17 novembre 2009

Emprise ottomane !

"Sous le joug" d'Ivan Vazov ou comment mieux comprendre ce peuple bulgare qui a dû réapprendre la liberté (свобода) et sa signification, comment réinvestir la liberté après des années d'emprise ottomane ? Pour moi qui découvre cette période, l'insurrection telle qu'elle est racontée par Ivan Vazov, est intéressante car il s'est appliqué à nous faire vivre les évènements depuis l'intérieur des bulgares, et comment ils ont pu ressentir les choses dans les "chaumières" ? Poignant et tellement facile à lire : aussi facile à lire que cela a dû être difficile à vivre !

mercredi 11 novembre 2009

La clef !

Me voilà partie, les valises sont faites, l'appartement est vide, je viens de rendre les clefs de mon logement, de mon bureau, de la voiture !
Plus une seule clef en poche et un billet d'avion aller simple... Je réalise soudainement que je laisse tout derrière moi, que je suis dans un espace de transition, sans rien dans les poches que mon passeport et mon "éventuel" billet d'avion : eh oui, mon mari a pris les billets pour que nous le suivions à l'étranger et n'a pas réussi à l'imprimer : je n'ai donc même pas de billet d'avion en mains !
Tout à coup, me voilà en prise directe avec moi-même : pas de clef, pas de billet, une destination en tête et la compagnie des miens (quand même !), une forme de dépendance à l'autre qui me gratouille, m'inquiète et m'indiffère à la fois.
Je laisse à Paris mes enfants adultes, mes petits-enfants... mes amis, mes clients, ...

Et la peur me poursuit... fantôme accroché à mon porte-clefs vide ? Et si je n'arrivai
nulle part ? Et si tout cela n'était qu'un rêve ? Et si je n'avais plus de toit au dessus de la tête pour protéger ma famille, me mettre à l'abri, me blottir dans mon canapé avec un bon thé quand l'hiver pointe déjà son nez ?!... Et si je n'élucidai jamais le mystère des clefs ?

Une journée sans nulle part, sans un petit coin à moi, sans protection, sans rendez-vous sauf avec moi-même, sans projet particulier qu'y aller... dans ce nouvel endroit, ce nouveau chez soi, qu'il faudra aménager, ranger, s'approprier, découvrir, décorer, partager à nouveau !
Une journée sans clef, suspendue au temps, à l'espace, j'ai le sentiment d'avoir vécue en l'air au milieu de nulle part, dans un espace que je n'avais jamais visité et où rien ne m'était connu : je me suis sentie timide, nue, jeune, incertaine, et à la fois insouciante... renouvellée, éveillée, rebelle et insouciante mais aussi posée, détachée, étonnée, portant un autre regard sur les évènements, les choses, les gens comme réalisant soudain ce rêve de partir sans laisser d'adresse, partir pour ne pas revenir, partir loin sans personne, sans attache ! un temps ou même les pensées n'ont pas le même rythme que d'habitude, ou les questions ne se posent plus.
Réalisant à quel point seules certaines choses sont réellement importantes pour moi. Comme j'aimerai avoir ce détachement, aux choses, aux objets !

Quand j'ai eu à nouveau les clefs de chez moi, de chez nous... J'ai eu l'impression d'attérir à nouveau, de reprendre pied, d'avoir des racines quelque part.

Partie sur la pointe des pieds, je n'ai pas prévenu tout le monde : comme un défi lancé... Certains se rendront-ils compte de mon départ ou le réaliseront-ils dans un an ou deux, quand je serai déjà revenue ? Ce mystère est délicieux, amusant, intrigant et me laisse un arrière goût semblable a celui de cette journée sans clef : un mélange de questionnement et d'indifférence.
Quelle aventure, cette absence, ce vide, ces sensations nouvelles, ce goût que l'on ne peut reproduire ou décrire. Imperceptible et pourtant si tenace.
Mon trousseau de clefs a pris une autre dimension, je porte sur lui un regard nouveau, plein de respect ! Je n'oublie jamais plus où je le mets, c'est encore pour moi, le signe d'une sécurité élémentaire qui m'est essentielle. Maintenant, je le sais !

Mes clefs sont devenues symbole des gens qui comptent vraiment pour moi, car au delà de ce voyage, c'est la seule préoccupation qui était pour moi présente au milieu de cet espace inconnu : ceux auxquels je tiens, les reverrai-je, saurai-je entretenir les relations à distance avec eux, être là quand ce sera important pour eux, partager à nouveau leur préoccupations, savoir être aidante, aimante si loin ? La clef est dans le futur... pas du tout accrochée à mon trousseau comme je l'ai cru le temps de quelques minutes...